Confortablement (ou presque) installée dans ma petite auberge, je profite de mon temps libre (je n’ai que ça maintenant, quelle drôle d’impression) pour visiter les alentours et me reposer. Je me suis donnée deux semaines « de vacances » où je ne me mets aucune pression, aucun objectif. Mais ces quelques jours de tranquillité passent à une vitesse folle, et il va falloir se ressaisir, car mon séjour à l’hostel touche à sa fin. Me voilà donc avec une mission : trouver un logement pour les 3-4 mois que je souhaite passer à Melbourne.
Je commence donc par demander à mes roomates quelques conseils, et très vite je tombe sur deux sites internet principaux : Gumtree et Flatmates. Très pratiques, ils te permettent de passer une annonce en décrivant ton profil, ton budget et ce que tu cherches. En même temps, tu peux aussi regarder les annonces des propriétaires.
Je commence donc à feuilleter tout ça pour me faire une idée des prix. 200$ AUD par semaine est considéré comme un prix assez classique pour une colocation bien située, mais j’ai bon espoir de trouver moins cher, je ne suis pas trop difficile… Ou peut-être que si, finalement ! Car très vite, je me rends compte qu’en Australie, dans la grande majorité des offres en colocation, il n’y a pas de chambre privative ! A moins de vouloir payer nettement plus cher.
Un peu ours dans l’âme, l’idée de renoncer à mon intimité et de partager ma chambre pour une si longue période me repousse un peu. Cela ne m’est plus arrivé depuis que j’ai cessé de dormir dans la même chambre que mon petit frère, à l’époque où nous avions des lits superposés et que ma mère nous racontait des histoires pour nous endormir. Bref, ça fait un bon bout de temps. Je crois que ça me dérangerait moins de dormir seule sous une tente au milieu de nulle part. Moi, asociale ? Je vois pas de quoi vous voulez parler ! J’ai toujours considéré ma chambre comme mon espace, le coin où je pouvais me retirer, m’isoler pour quelques heures du reste du monde. Cela risque d’être compliqué maintenant.
Puis, peu à peu, je me rends à l’évidence. D’une part, je n’ai pas le choix, à moins de vouloir faire un trou dans mon budget « hébergement ». D’autre part, ne suis-je pas partie en voyage dans le but de sortir de ma zone de confort ? Ma liberté dépend-t-elle d’une chambre ? Certainement pas. Il est temps de changer mes habitudes, de m’ouvrir aux autres et de revoir ma façon de vivre.
Je commence donc à envoyer quelques messages aux propriétaires dont l’annonce m’intéresse. Mes impératifs : wifi inclus et une bonne localisation, de préférence dans le CBD, le centre, à l’intérieur de la Free Tram Zone où je peux circuler gratuitement et économiser sur les transports. J’espère aussi qu’il sera plus facile de trouver du travail à cet endroit. Si en plus l’appartement a une machine à laver, c’est que du bonus !

Une première propriétaire me répond. Tant mieux, car je dois partir de l’auberge le 18 mars et que ça commence à faire court ! L’appart est grand, lumineux, avec un jardin. Un jardin ? Je regarde la localisation. Footscray. Pas vraiment ce que je voulais donc, car il faut prendre le train depuis le centre pour y aller. Mais ce n’est qu’à 20-25 minutes alors je décide d’aller voir quand même.
Je suis déjà quasi-certaine que je n’accepterai pas cette offre. J’ai appris à faire confiance à mon instinct depuis longtemps, et quand je pars avec une mauvaise impression, ce n’est pas rare qu’elle se confirme. J’essaie de me convaincre le long du trajet que je me trompe. J’y réussis presque, aidé par les jolis paysages, la tranquilité du quartier et les commerces de proximité. La sharehouse est une jolie petite maison, et je me dis que finalement ça ne me déplairait pas d’habiter ici. Au moment d’appeler la propriétaire pour lui annoncer que je suis là, un jeune homme sort de la maison. Parfaite occasion pour avoir plus d’infos ! Après l’avoir interpelé en anglais, je remarque son fort accent francophone (le même que moi) et on poursuit en français. Le Belge (car oui, il est Belge) réussit en trois phrases à me doucher toute envie de vivre ici. « La proprio, elle est complètement folle. Elle a mis des caméras dans le salon pour nous surveiller, elle est tout le temps sur notre dos. En plus, elle refuse de me rendre ma caution sans raison alors que je m’en vais ». Ah. Merci de tes encouragements.
Plus très motivée par la visite, j’appelle et je me fais ouvrir par un des colocs. Il me détaille rapidement les pièces, en grand désordre, me montre le jardin pas du tout entretenu (mais je n’en suis pas étonnée) et la salle de bain. Wait. LA salle de bain ?
« Mais il y a combien de personnes qui vivent ici ?
- Je crois qu’on est une dizaine. Il y a trois chambres.
- Donc il n’y a qu’une seule salle de bain/toilettes pour 10 personnes ?
- Oui mais on arrive à gérer.
- Mais le matin aussi, quand vous partez en cours ou au travail ?
- Bah on est pas vraiment tous avec les mêmes horaires… »
Mouais. Je la sens moyen cette histoire… La chambre que je suis censée partager accueille quatre personnes, mais je ne peux pas m’attarder car une des filles dort.
Je me dépêche de rentrer à Melbourne. Ce n’est pas encore ma future maison. Me voilà obligée de prolonger mon séjour à l’auberge. Je voudrais rester une semaine de plus, mais impossible. Le Grand Prix de Formule 1 a lieu le week-end suivant. Je peux rester jusqu’à mercredi si je change de chambre, mais après l’auberge de jeunesse sera pleine. Je dois vite trouver un endroit où dormir à partir du 21 mars.
Deux nouvelles visites arrivent. J’ai une très bonne impression pour les deux. Pour le premier appartement, je suis dans un immense gratte-ciel, au 38e étage. Deux chambres de quatre personnes, deux salles de bain. Piscine et salle de gym dans l’immeuble. Localisation parfaite près de la gare. En plus, le loyer n’est pas très cher, seulement 145$ par semaine. Seul point négatif, l’absence de fenêtre dans la chambre. Heureusement, il y en a dans le salon.

Pour le deuxième, c’est le propriétaire qui m’a lui-même contacté après être tombé sur mon profil. Localisé en plein centre, au troisième étage d’un petit immeuble. L’appartement est lumineux, spacieux, avec un petit balcon. Ici encore, il y a deux chambres, mais seules 5 personnes se les partagent. Un peu plus cher mais raisonnable, le loyer s’élève à 165$ par semaine.
Les deux propositions m’intéressent, avec un inconvénient majeur cependant. Le premier n’est disponible que le 24, le deuxième le 28. Il va vraiment falloir que je cherche une solution d’ici là. Couchsurfing ? Airbnb ? Je me décide à contrecoeur pour une deuxième auberge de jeunesse. Dortoirs de 14 personnes, douche minuscule, rue extrêmement bruyante… En plus, les prix flambent à cause du Grand Prix. Tant pis, ce n’est que pour 3 jours… ou 10.
Je viens d’accepter la première chambre, quand la propriétaire m’annonce qu’elle a laissé la priorité à une autre fille… Il lui reste un lit au même endroit, mais il ne se libère que le 1er avril ! Enjoy.
Je choisis de rester positive. L’auberge me permettra de rencontrer des gens, peut-être même deviendrai-je quelqu’un de sociable ? Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs (oui j’aime bien les expressions, vous en verrez souvent ! Inès si tu passes par ici…), le principal, c’est surtout que j’ai ENFIN un logement ! Et qu’il y a une PISCINE ! Je retombe en enfance. Après un mois d’auberge, ça sera vraiment plus confortable. Le contrat est pour trois mois minimum, et s’achève donc le 1er juillet, jour de mon anniversaire. Une date parfaite pour commencer une autre aventure, non ?
Une réflexion au sujet de « Australia 2018 : Episode 3, galères de logement »